En finir (enfin) avec les poncifs sur les Gaulois

Publié le par Bufo Calamita

Le titre de mon article lui même en est un, tiens! Gaulois, gaulois... Il n'y a guère eu que Jules (César himself) pour les appeler comme ça. Or César, à lui tout seul, n'a pas inventé les "Gaulois".

Tout d'abord, ils étaient de véritables peuples, indépendants sans vraiment l’être, je m'explique. Ces peuples, réunis géographiquement dans un territoire qui ressemble au fil du temps à la France actuelle, étaient différents, mais parlaient une langue celtique commune, et leurs mœurs incluaient une généalogie divine commune, elle aussi. Des alliances, commerciales par exemple, liaient ces peuples entre eux, mais chacun était indépendant, politiquement parlant. On peut citer les Carnutes, les Bituriges, les Eduens, les Séquanes, les Arvernes et les Allobroges, pour les plus connus, mais aussi les Turons, les Andes, les Pictons, ou enfin, moins célèbres, les Tricasses, les Vasates, ou les Calètes. J"évoquerai une autre fois les Parisii, dans un article dédié. Tous ces ... gens (j'ai failli dire gaulois!), vivent donc chacun chez eux, en bonne intelligence avec leurs voisins, et très souvent en bonne intelligence aussi avec l’envahisseur, le méchant romain. (Je plaisante hein? Mais on y reviendra plus tard).

Carte ancienne de la Gaule romaine

Carte ancienne de la Gaule romaine

Revenons en au sujet qui nous intéresse, ces clichés distillés au fil des siècles à nos pauvres écoliers post-gaulois. Nos ancêtres sont donc des gros barbares poilus et surtout chevelus, qui ne pensent qu'à faire la guerre, baffrent des sangliers entiers le soir au fond des forêts.

FAUX

Loin d'être un pays de forêts impénétrables uniquement peuplées de sangliers comme le laisseraient croire certaines bandes dessinées, la Gaule est en grande partie défrichée et couverte de belles campagnes comme l'atteste l'archéologie aérienne. Ses habitants manifestent un exceptionnel savoir-faire dans l'agriculture et l'élevage. D'ailleurs, le potentiel agricole de la Gaule compte pour beaucoup dans l'intérêt que lui portent les Romains.

Excellents agriculteurs, nos peuples (je ne sais plus comment les appeler!) sont de grands innovateurs, et possèdent une technique exacerbée en terme de fabrication d'outils: ils inventeront l'araire, la moissonneuse (poussée par un animal de trait), l'acier trempé, la cote de mailles (bon, ok, là c'est plus de l'agriculture), le tonneau, le savon, bref... Ils ne sont pas les soudards que l'on a longtemps imaginé, mais bien une civilisation organisée et productrice, qui subvenait à ses besoins, et achetaient ce qu'ils ne possédaient pas: les amphores, le vin et d'autres marchandises... aux romains.

En finir (enfin) avec les poncifs sur les Gaulois
En finir (enfin) avec les poncifs sur les Gaulois

Ils vivaient dans des huttes en bordure de forêt, étaient sales et hirsutes...

FAUX

Comme l'attestent de nombreuses fouilles archéologiques, nos ancêtres étaient établis dans des villes, oui, oui: des villes, avec des marchands, des forgerons, des tanneurs, des potiers, des espaces pour le travail du textiles, un autre pour le travail du bois. La vie quotidienne s'organise autour de toutes ces activités, hommes, femmes, tout le monde participe. Les traditions orales sont transmises par les bardes, par des sacerdotes. Ils sont la partie la plus importante de ce qui fait le village ou la ville. D'autres castes sont présentes, les hommes "nobles", les cavaliers, militaires ou chefs de guerre; ils contrôlent le pouvoir politique et financier, certains d'entre eux siègent au sénat gaulois. C'est là qu'entre en scène l'oppidum.

L’oppidum est une ville fortifiée, souvent assez étendue, et dotée d’un système défensif de bonne facture. Le plus souvent situé sur une colline, il bénéficie donc de défenses naturelles, renforcée par des murs de terre et de pierre, renforcés eux même par des traverses de bois, le fameux murus gallicus. On y retrouve tous les corps de métiers situés plus haut. L'oppidum est en quelque sorte la capitale des "tribus" gauloises. On est loin de l'ermite hirsute vivant au fond des bois.....

Le plus connu est Bibracte, mais le monde gaulois est truffé d'oppida, des contreforts de l'Europe à l'est, à la lointaine île anglaise.

La liste est longue de ce que l'on ne sait pas sur nos amis gaulois, leur tradition orale n'ayant pas permis de retransmettre l'intégralité de leur vie quotidienne, de les mœurs, de leurs croyances. Ce que nous savons, la plupart du temps, c'est que l'archéologie nous a donné, le reste bien souvent n'est que suppositions et hypothèses. Les gallo romains, le haut moyen âge, les autres, tout le monde a rebâti par dessus leurs constructions, les populations se sont mélangées, phagocytées, syncrétisées, et toutes les connaissances fiables que nous avons, nous les tenons de Jules et de sa Guerre des Gaules.

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